Blockchain, une rupture technologique de redistribution du monde

Blockchain, une rupture technologique de redistribution du monde

Table ronde avec l'ESSEC

Un enjeu de confiance

L’Advanced Certificate - Digital Leadership de l’ESSEC Business school et La villa numeris organisaient une table ronde « Blockchain, une rupture technologique de redistribution du monde » le 21 juin dans les locaux de l’ESSEC Executive Education. Compte-rendu.

« Observer le digital dans l’ensemble de ses impacts à la fois sociétaux et organisationnels » tel est le défi du programme ESSEC Digital Leadership comme le souligne Judith Andres, directrice du programme. Avec David Lacombled, président et fondateur de La villa numeris, ils partagent tous deux l’importance de la prise en compte de l’humain dans le digital. « On parle alors très rapidement de confiance » explique ce dernier. « Il est normal de se plonger dans l’univers de la blockchain ».

Celle-ci est « une technologie de transfert de valeurs d’une part et d’autre part d’enregistrement » note Clément Jeanneau, cofondateur de la startup Blockchain Partner. « Elle permet de se substituer aux tiers de confiance » explique Me Gilles Vercken, associé du cabinet Vercken & Gaullier.

Sylvain Cariou, président de Crystalchain, distingue plusieurs niveaux pour appréhender la blockchain. Il débute, ainsi, avec le niveau technique puis poursuit avec le niveau fonctionnel avec l’enregistrement. Vient ensuite le niveau organisationnel : « la technologie permet à un écosystème de partager une information en toute confiance et de façon transparente ». En effet, explique-t-il : « les gens ont besoin de partager l’information en toute confiance ». Sébastien Choukroun, manager du Blockchain Lab de PwC, ajoute un autre niveau supplémentaire: «  l’alignement des intérêts avec la problématique jeu ».

De l’importance de la traçabilité

La blockchain est un levier pour assurer la traçabilité, notamment dans le secteur de l’agro-alimentaire. En effet, les acteurs y inscrivent leurs activités comme le souligne Sylvain Cariou : « On trace les différentes étapes. À la fin, quand on achète un poulet, on scanne le QR code et on suit le chemin effectué. Chacun peut inscrire et lire en toute confiance. » Aussi, Alexandre Eich-Gozzi, directeur de la pratice Blockchain chez Sopra Steria, note qu’ « imposer un système QR code sur bouteille de vin permet d’éviter les mécanismes de contrefaçon. L’accès à la traçabilité est assurée grâce à la technologie ».

Pour Me Gilles Vercken, la « blockchain est une technologie qui permet de créer la condition de la confiance. »

Blockchain publique vs blockchain privée : quelles logiques ?

La blockchain s’inscrit en rupture par rapport à l’appréhension liée à Internet. En effet, pour Clément Janneau, « Internet, tel qu’il est conçu, empêche d’envoyer de la valeur sans passer par une autorité centrale. La blockchain permet de passer de pair à pair. » On distingue les blockchains privées des blockchains publiques. Matthieu Lepine, jeune diplômé de l’ESSEC et membre actif de Positive Blockchain, explique que « le fournisseur n’a pas la même base de données que l’entreprise. La blockchain privée permet aux acteurs de se rassembler et de partager une base de données en commun ». C’est « une blockchain en développement » comme le rappelle Alexandre Eich-Gozzi. En effet, « les organisations se regroupent pour créer un nouveau système basé sur la blockchain. »

Les entreprises s’inscrivent dans cette logique. « Cela fonctionne  avec un grand groupe avec beaucoup d’entités et permet de réduire le settlement à quelques secondes. » Pour lui, le recours à la blockchain,  « peut être un projet interne. C’est un grand projet d’audit » souligne Sébastien Choukroun. Prenant l’exemple des acteurs de la grande distribution, Matthieu Lepine note que « tous les acteurs ont intérêt à collaborer. Ils cherchent à se mettre en commun pour être plus efficients ».

Optimisation / innovation de rupture

Clément Jeanneau considère, quant à lui que la  blockchain privée est « très intéressante en terme d’optimisation ». Pour ce dernier, c’est la blockchain publique ainsi que les cryptomonnaies qui s’inscrivent, elles, dans une « innovation de rupture ».

Un enjeu clé : la décentralisation

Afin d’appréhender le registre, Clément Jeanneau note ce rythme ternaire : « transparent, décentralisé et sécurisé ». Pour lui, la blockchain, et, en particulier, le bitcoin, sont « très robustes ». La décentralisation du processus « offre des économies en terme de gestion de registre » note-t-il.

Un sujet à appréhender autrement

« Éviter l’approche merveilleuse et l’approche réactionnaire ». Pour Me Gilles Vercken, il convient d’adopter « une  approche plus globale ». Matthieu Lepine considère qu’il faut prendre en compte l’usage de la blockchain « dans son impact social ». Il rappelle que : « demain, on aura des services 100% digitaux.  Il faut raccorder aux usages ».

Bien souvent, l’impact écologique de la blockchain est mis en cause dans les médias. Pourtant, Sébastien Choukroun, considère qu’ « il n’y a pas eu à date d’évaluation claire sur le coût énergétique ». Pour lui, il ne faut pas surestimer l’impact d’une blockchain. Aussi, pour Clément Jeanneau, des chercheurs doivent « se positionner sur le sujet de la blockchain ». Il rappelle que le sujet traité l’est bien souvent sous l’angle journalistique.

La table ronde prend fin et le débat est bien loin d’être terminé. Les échanges sur la blockchain promettent d’être légion ces prochains mois.

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